Avec son groupe Third Eyed Foundation, Matt Elliott avait considérablement défriché l’avant garde de la drum’n’bass en le mariant aux plus progressistes des rock. En solo, Matt Elliott occupe la friche. Là où tant d’autres s’écoutent pousser la barbe en jouant les bardes baba-hipster, Elliott s’attache au folk, fils dénudés et nerfs à vif. Pas vraiment cool. Avec des moyens électroniques et organiques rudimentaires, il démultiplie la charge émotionnelle de son répertoire chant-guitare. Imbibé de classique et de musique mondiale, avec un net penchant pour l’Est et les Balkans, Matt Elliott demeure le cauchemar des restos slaves, à couper le souffle et l’appétit. Toujours à deux doigts du too much, ses disques gagnent en incision lors de ses prestations scéniques. Quand cet homme des studios sort du bois, on est heureux de découvrir un enfant sauvage si sophistiqué.