Dunkerque

En trois points de vue (un soldat anglais, un marin dont le navire est réquisitionné pour aller chercher les troupes et un pilote de la Royal Air Force, et trois temporalités distendues ou étirées pour se combiner, Christopher Nolan plonge dans les coulisses d'un sauvetage historique. Moins qu'un récit factuel et une reconstitution minutieuse, Dunkerque se veut avant tout une plongée dans l'âpreté de la guerre et dans la frénésie de la fuite et du désir de survivre. Formellement, le film profite du savoir-faire de Nolan pour alterner aussi bien les amples plans aériens que les étouffantes scènes de naufrage, mais l'artifice de la combinaison des trois parcours fonctionne mal. Le cinéaste force les rebondissements et les enjeux redondants au service d'une dynamique commune entièrement tournée vers le risque et le sacrifice. C'est la limite de l'exercice, si Nolan contourne avec intelligence le décalque d'un film de guerre pur, il n'évite pas une démarche parfois pompière et patriote qui nuit à l'ensemble du film. Prenant, mais moins ample et moins audacieux qu'Interstellar ou Inception, Dunkerque n'en constitue pas moins une expérience puissante, (notamment servie par la mariage avec la composition d'Hans Zimmer) et un regard intense sur la guerre autant que sur un épisode marquant de l'histoire de la Grande-Bretagne et de la seconde guerre mondiale.