Daaaaaali !

Davantage qu'un énième biopic, Quentin Dupieux, en s'emparant du personnage fantasque de Dali, prend évidemment des chemins de traverse. Pour donner corps à l'artiste, c'est à un aréopage de cinq comédiens que le cinéaste fait appel tandis que le film, imbriquant les récits, décalant les regards et citant astucieusement l'artiste et ses influences (comme Luis Bunuel) combine une mosaïque narrative et visuelle qui, plutôt que d'envisager le récit balisé d'un parcours, tente de rendre hommage à une démarche et une façon d'être au monde. Au milieu de ce vertige cinématographique, le cinéaste s'offre même le luxe de griffer un milieu artistique gangrené par des comportements masculins nocifs. En se taillant un chemin entre la fantaisie absurde de son auteur et la foisonnante inventivité irrévérencieuse de Dali, le film trouve un très joli équilibre à la fois malin, léger, surprenant, profond, libre et doucement fou à la fois. Un point de rencontre idéal entre deux artistes.