Rasmus Myrup
Les sculptures humanoïdes de Rasmus Myrus mêlent éléments issus du monde naturel autant que de l’histoire sociale, de la mythologique nordique autant que de nos sociétés postmodernes. En formidable conteur et magicien des postures, il donne vie et épaisseurs à des personnages mi-humains, mi‑arbres, des êtres queers aux identités mouvantes, un peu épouvantails, un peu drag-queens, un peu hommes et femmes sauvages, un peu hommes et femmes du monde, venus d’un temps tout autant préhistorique que posthumain. Cette communauté interlope, ce salon des refusés — comme le désigne l’artiste et pour reprendre le titre d’un de ses précédents projets —, redessine les contours d’une société possible, faite de bric et de broc, de branches et de strass, de câbles wifi et de
lichen, de singularités et de résistances. Une société qui pousse et s’épanouit malgré tout sur les ruines de nos forêts et de nos banlieues embrasées. Les personnages de Myrup sont comme les champignons de la fin du monde d’Ana Tsing : une leçon d’optimisme dans un monde trop souvent désespérant.
Publié le 07/08/2023