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théâtre

Une grande leçon de tolérance

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Laurent Hatat met en scène une œuvre emblématique de Lessing, Nathan le Sage

Goethe considérait cette pièce qui fait partie du répertoire germanique depuis le XVIII ème siècle, comme une des plus grandes créations de l’humanité. Ecrite en 1779 Par Gotthold Ephraïm Lessing - philosophe, homme de lettres et de théâtre, cousin des encyclopédistes et partisan de l’esprit des Lumières, Nathan le Sage annonce le romantisme allemand et l’esprit du Sturm und Drang (Tempête et passion). Montée pour la première fois en France en 1987 par Bernard Sobel puis un peu oublié et épisodiquement montée cinq fois en 20 ans. C’est aujourd’hui Laurent Hatat, véritable amoureux de la littérature allemande qui joua un grand rôle dans son engagement dans le théâtre, qui s’attaque à ce chef-d’œuvre dont la modernité et la profondeur des personnages l’ont séduit d’emblée. La version que propose Laurent Hatat en résidence jusqu’en 2010 au Théâtre du Nord est « allégée » pour donner plus d’impact au propos et de lisibilité au spectateur d’aujourd’hui. Ne reste donc que « la substantifique moelle » - d’une histoire que Laurent Hatat a voulu inscrire dans nos préoccupations contemporaines et qui pose à chacun de nous une question intime : « quelle est la place que je réserve à l’autre dans ma vie dans ma cité ? ».

 

« Cette pièce est un petit manuel de la pratique de l’autre au quotidien. » Laurent Hatat

9 semaines de répétitions à l’Idéal (Tourcoing) ont été nécessaires à la dizaine d’acteurs de la Compagnie Anima Motrix fondée et dirigée par Laurent Hatat, pour donner corps à sa vision de ce texte qui dénonce tous les dogmatismes. Nous sommes en 1187 à Jérusalem au temps des Croisades. Saladin qui vient de reprendre la ville aux Croisées fait preuve envers les Juifs et les Chrétiens d’une étonnante tolérance et épargne un Templier. Nathan, riche bourgeois éclairé, vivra une étrange aventure … Lessing ne signe pas avec Nathan le Sage une pièce de combat pas plus qu’il ne prêche la bonne parole. Il met en valeur le parti des modérés – victimes désignés de tous les extrémismes - ceux pour qui la raison, la parole et l’écoute sont les outils du vivre ensemble qui finira par triompher. Il fait un théâtre de gens ordinaires. Malgré les sentiments, les affects et les pulsions qui traversent la pièce, Lessing nous incite malgré tout « à dépasser les oripeaux communautaires, à aller vers l’autre ». Cette histoire de famille met en scène les trois religions du Livre (Juifs, Chrétiens et Musulmans). Ce qui me touche dit Laurent Hatat, « c’est le doute perpétuel des modérés qui essayent d’aller vers les autres en relativisant leur propre mythe même si ils sont fondateurs et sans les abandonner. Nathan écoute beaucoup et ne s’enflamme pas quand on l’insulte ». Cette pièce nous rappelle que les mots ont le pouvoir de faire triompher la raison et de désarmer les conflits. Laurent Hatat n’a pas souhaité faire référence à un orientalisme de pacotille mais nous présenter une bonne intrigue vécue par des personnages isolés dans leur rêve de changer ce monde de violences et d’exclusions. Tout son travail repose sur les acteurs, essentiellement une équipe qu’il connaît bien et qui sont partis avec lui à la recherche des « pépites » de la pièce. Une belle tournée de 30 dates les attends, elle sera vécue avec une intensité toute particulière par Azeddine Benamara (Saladin) et Mounia Boudiaf (Sittah), jeunes diplômés de la première promotion de l’EPSAD où Laurent Hatat les a repérés lors d’un atelier.

 

Publié le 04/03/2008 Auteur : F. Objois

Du 5 au 15 mars 2008. Théâtre de l’Idéal (Tourcoing). Réservations : 03.20.14.24.24

Mots clés : théâtre