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expos

Panorama 25 : faire arts

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Comme chaque année, l'édition 2025 de Panorama expose au Fresnoy les travaux des étudiants dans un voyage vertigineux entre artistes de demain et enjeux d'aujourd'hui.

Dans le creuset formidable que constitue l'institution tourquennoise, dont le riche passé fait écho chaque fois au parcours proposé, Chris Dercon commissaire pour cette année et Pascale Pronnier déploient un bel aperçu de la création contemporaine tout en offrant, en creux, une belle perspective sur la place de l'image dans la société. Traversés des enjeux contemporains, les étudiants (dont les projets ont pris vie entre les mois de janvier et juin derniers) y explorent largement les soubresauts d'un monde en crise. Yue Cheng, entre sculpture et vidéo, regarde l'usure du monde des hommes et la résurgence de la vie, l'installation poétique de Bianca Dacosta donne à voir et à entendre l'eau et son importance tandis que Charline Dally explore les mystères du minéral dans les particules de météorites, Alexandre Cornet redonne vie aux galeries des mines du Pas-de-Calais quand l'Anagram d'Antoine Mayet raconte la dissipation des paysages, non loin, Digitalis, l'installation de Léa Collet rêve d'une hybridation entre l'humanité et les plantes. Et dès l'entrée, avant même la porte, Hugo Pétigny dans son installation solaire Résilience tente d'illustrer le paradoxe d'une prise de conscience écologiste et d'une inaction.

Ailleurs, les écrans et les casques audio diffusent les troubles d'une humanité souvent partagée ou déchirée. Domenico Singha Pedroli accompagne le retour d'un réfugié politique thaïlandais dans une triple projection entre hier perdu et aujourd'hui incertain. Sous un format léché et envoûtant, entre numérique et documentaire, Marcel Mrejen interroge migrations et enjeux climatiques dans One big economy of the sun. Benoît Martin fait le portrait d'un Tchadien et d'un Soudanais exilés à Manchester et le parcours saisissant de Vadim Dumesh dans Point de vue fait voyager des smartphones captant ceux qu'ils filment et ceux qui les tiennent de la France à l'Ukraine en guerre quand Patrick Chiha capte pour sa part le quotidien de russes exilés en Turquie pour fuir la conscription.

Ana Edwards via une image du début du XXème siècle figurant un ouvrier à côté d'un arbre à vendre regarde la place de l'homme tandis que Normal Nedellec convoque Cervantes en filmant deux chiens philosophant sur le sombre avenir des hommes. Autour d'un objet évoquant à la fois le globe terrestre et l'oeil d'un big brother, Victor Villafagne pour You have the right to remain silent fait réagir ce monstre psycho-acoustique en générant des sons mixant les univers militaires et instruments d'addiction des réseaux sociaux, la caméra de Coraline Zorea suit une femme chargée de s'occuper des enfants dans un kibboutz, reliquat d'une organisation disparue.

Propulsant ses créations dans une forme de cinéma total, dans ses formes et ses espaces, l'édition 2023 de Panorama rend aussi hommage au bâtiment imaginé par Bernard Tschumi via le travail de Scanner et sa captation d'ondes sonores singulières émanant du bâtiment. La magie minutieuse et poétique d'Eléonore Geissler donne vie à un cinéma ancestral et organique au fil du Plus vieux film du monde. Au milieu d'écrans omniprésents, avec Analog collapse, Lucas Leffler illustre l'effondrement des fabricants de pellicule quelques mois après l'apparition des smartphones dans une installation combinant ancienne et nouvelle technologies, interrogeant aussi la diminution de la taille des images au fil du temps. Enthousiasmante rencontre entre fond et forme, Panorama demeure, un quart de siècle après ses débuts, à la fois source et confluence artistiques, combinaison d'invention et d'artisanats infusés savamment à des étudiants ouverts au monde.

Publié le 25/09/2023 Auteur : Guillaume B.

Panorama 25, jusqu'au 7 janvier au Fresnoy, rue du Fresnoy à Tourcoing lefresnoy.net