Le jazz déboite

The Bad Plus est une formidable mécanique rythmique basse/batterie/piano s'ingéniant à mettre son grain de sable dans les engrenages. Une colonne vertébrale résolument jazz mais dont les vertèbres seraient prélevées sur différents styles musicaux. Aussi à l'aise avec Stravinsky, Joshua Redman, Blondie, Aphex Twin, Nirvana...sur son dernier album, The Bad Plus replonge goulûment dans le pot à confiture des covers avec d'authentiques morceaux de bravoure autour d'Ornette Coleman, TV on The Radio, Yeah Yeah Yeahs, Johnny Cash, Cindy Lauper, Peter Gabriel, Kraftwerk...Pas de la reprise qui sent la chaussette mais d’authentiques relectures écarquillant les oreilles. Récréatif et roboratif.

Même si on se languit d'une date en région du génial John Zorn, l'hommage qui lui est rendu par Abraxas & AutoRyno est bien plus qu'un lot de consolation. Abraxas n'est pas uniquement un disque de Santana, c'est aussi le projet de Shanir Ezra Blumenkranz compagnon de route de John Zorn et musicien tout terrain. Figure d'une certaine scène jazz aventureuse new-yorkaise, Abraxas aime les télescopages entre avant-garde et musiques traditionnelles. Epaulé par le trio français AutorYno, rare combo français à avoir eu les honneurs du label Tzadik de Zorn, il livrera une création puissante autour du maître. A des années lumière du marché du tribute-band labellisé par la maison mère, ce projet se propose d'être le creuset entre rock extrême, jazz, musiques klezmer et orientales. Une déflagration où l'on entendra bien plus que le souffle de Zorn.