Sortir : Pourquoi Pawn shop, et que signifie ce titre ?
Vince :
Pawn shop signifie littéralement Mont-de-piété (un établissement public de la Renaissance qui consentait des prêts sur gage), avec cette idée de prêteur sur gage, de plus en plus indispensable dans une société de consommation où l'on est obligé de "mettre ses affaires au clou", de vendre des affaires qui nous tiennent à coeur. En fait, on est pas contre la société de consommation, on dit juste qu'il faut consommer intelligiblement mpour sortir de cette course effrénée à la consommation.

Sortir : Comment définiriez-vous ce nouvel opus ?
Vince :
C'est pas forcément ce qui ressort à la première écoute mais cet album fait vraiment suite à Monochrome, dans un registre plus calme. On s'est concentré sur un style et des chansons, avec nos fidèles amis Jamika Ajalon et David K. Alderman, du coup ça part moins dans tous les sens, en respectant davantage une seule et même ligne...

Sortir : Avec des influences "pop" prédominantes...
Vince :
En fait, c'est une sorte de "Gloubi-boulga". Mais c'est pas décidé à l'avance, une fois saisi l'ambiance de l'album, on crée. Sur dix morceaux, huit sont chantés, c'est dans ce sens que ce disque est plus pop, au sens originel du terme, pas dans le sens de la pop comme l'entendent les Anglais.

Sortir : Qu'est-ce  qui vous a inspiré ?
Vince :
C'est complexe de définir notre inspiration en donnant des noms d'artistes, mais on est tous des boulimiques de musique, on ne se met pas de barrières dans nos écoutes. On a tous les 7 des influences communes et différentes.

Sortir : Une sorte d'hommage à la musique et à vos influences artistiques.
Vince :
On a pas non plus voulu faire un pot pourri qui rassemble tout, mais c'est vrai qu'on peut partir vers des rythmiques carrément plus afro parfois ou new wave. On est plus sur l'idée de raconter une histoire.

Sortir : Pour quelles thématiques abordées dans ces chansons ?
Vince :
Les paroles appartiennent la plupart du temps à ceux qui les chantent, puis on travaille tous sur la mise en forme des morceaux. Les paroles, c'est des choses plus personnelles, mais on est quand même tous reliés par une vision du monde commune. On a des points de vue équivalents et avec Jamika, on se retrouve dans ce qu'elle veut dire. Par exemple les problèmes d'émigration, d'exil. La seule limite c'est que ce soit pas crétin ! La mouvance Zenzile, c'est des points de vue communs...

Sortir : Zenzile surprend le public à chaque nouvel album, c'est une vraie volonté de ne pas entrer dans une catégorie ?
Vince :
En fait, c'est plus une démarche de ne pas se redire. On veut pas forcément surprendre tout le monde, on veut se renouveler. C'est plus intéressant que de mettre un pied dans un tunnel et d'aller jusqu'au bout, dans le sens ou ce serait inutile que les disques se ressemblent.

Sortir : Même pas peur de déstabiliser le public ?
Vince :
C'est une prise de risque, c'est sûr, certains disques sont des mutants par rapports à d'autres avec des déviances, mais Zenzile c'est quand même un mouvement, et on a toujours la même couleur globale. Si on a la chance de s'exprimer par un art quel qu'il soit, il faut en profiter et s'exprimer à fond, il ne faut pas céder à la facilité.

Sortir : Mais l'intérêt pourrait tout de même être mercantile ?
Vince :
Oui, on vit de notre musique mais on est clair avec ça, on reste cohérent et le marché ne passe pas avant nos choix artistiques.

Sortir : Il y a quand même deux morceaux instrumentaux, Motorbremsen et White Spirit, qui diffèrent du reste de l'album, on revient aux racines dub ?
Vince :
Ce sont des morceaux de folklore ! Ça ramène à des ambiances issues de plusieurs disques. Surtout pour White Spirit, mais ce morceau à un lien dans la playlist, tout est très logique ! Dans l'ensemble, la basse reste le fil conducteur, les morceaux ont divers points de compositions, il y a plus de cordes et de claviers, mais si on regarde l'ensemble depuis le début, c'est toujours comme ça qu'on a fait notre musique.

Sortir : On ressent cet album comme une consécration où vous vous permettez beaucoup de choses, c'est le cas ?
Vince :
Ça fait quand même quinze ans qu'on est là, alors sans parler de consécration, c'est vrai qu'on a acquis un certain savoir-faire et que la mise en forme est réussie !