Le projet avait pourtant de quoi laisser perplexe : adapter Wagner en bande dessinée relevait en effet de la gageure tant les thèmes et les esthétiques évoqués par le compositeur dans son bouillonnant opéra ouvrent les portes d'un monde mixte et complexe. Et pourtant, en refermant sa trilogie, Alex Alice peut être fier du travail accompli. Du foisonnant Ring, opéra colossal du musicien, il a su tirer une épopée dessinée entre le récit d'aventure mythologique et le parcours initiatique. En un trait qui réussit le grand écart d'être à la fois presque enfantin dans son approche des personnages (évoquant parfois les anciens Disney) et d'une ampleur saisissante lorsqu'il évoque des paysages infinis ou les adversaires titanesques que doit affronter le héros (notamment grâce au remplissage des pages entières et à la rareté des phylactères), Alice signe un ouvrage réussi et emballant aux accents romantiques et héroïques à la fois, tout en étant rythmé intelligemment par les choix de couleur et le découpage des séquences. Une belle porte d'entrée dans l'univers wagnérien... en attendant le long métrage d'animation dans lequel l'auteur s'est également lancé.