Sortir : Ce chiffre pour commencer, 18 ans, c'est énorme...
Pierrot
: En fait, quand on prend du recul là-dessus, on a pas vu le temps passer ! Le premier album, Le bruit du silence, on a l'impression que c'était hier... peut-être parce qu'on le joue encore régulièrement en concert, mais surtout parce qu'on a pas changé d'état d'esprit, on est resté ce que l'on est : beaucoup d'énergie et beaucoup d'importance attachée à l'humain. Et puis on repense également aux débuts, 1993, Saumur, huit bonhommes sur scène qui aiment les Bérus, la Mano Negra, le rock'n'roll, et une question : est-ce qu'on peut arriver à faire notre propre son, à s'amuser, à mettre tout ça en place ? On pensait pas forcément faire carrière au départ, mais finalement, avec une idée, une envie, on peut faire des choses. Derrière, chaque concert en a amené un autre, et puis on a fait le grand saut pour ne plus faire que ça... Au final, aujourd'hui, on va bientôt atteindre les 1000 concerts.

Sortir : Justement, on parle souvent de vous comme d'un groupe de scène.
Pierrot :
C'est vrai, notre histoire passe par la scène, et quelque part, on a également été pris au piège, genre "La Ruda, ça s'écoute sur scène", même si ce que l'on propose en album, c'est bien aussi. Mais c'est vrai qu'on est fait pour la scène, la sueur, aller chercher les gens, quel que soit l'endroit, c'est ce que l'on voulait faire... D'ailleurs, la scène, on y a tout appris, dans toutes les conditions, du p'tit bar au gros festival ! Du coup, ça fait beaucoup de souvenirs, jusqu'au plus gros festival du Japon, le Fuji Rock : se retrouver devant 6000 personnes dans un cadre magnifique, face au Mont Fuji, c'était extra ! Voyager, rencontrer des gens, ça permet d'avancer sur sa musique, ses envies.

Sortir : Et votre envie sur cet album, c'est un retour à l'esprit originel de La Ruda.
Pierrot :
Chaque album détient sa vérité, sa musique. Là, on sortait d'une période acoustique, une sorte de respiration dans notre parcours où l'on envisageait notre musique avec une vision un peu plus cabaret. Derrière, on a voulu revenir à une certaine énergie marquée par les guitares, les cuivres ou la batterie. Au sortir d'une tournée, certains se disent qu'il faut proposer des choses nouvelles, prendre un virage à 90°, nous, on a choisit de réfléchir sur ce qu'on est... et la réponse, c'est qu'on se sent bien dans ce qu'on fait et ce qu'on fait ensemble, en plus de savoir ce que l'on sait faire.

Sortir : C'est-à-dire quelque chose de plus rythmé, de plus énergique ?
Pierrot :
En fait, dans nos compos, la guitare acoustique a toujours été présente... mais là, sur des morceaux swing ou chansons, on a rajouté une guitare, puis une autre, puis une autre, avec cette envie d'aller sur quelque chose de plus électrique. L'idée consistait à l'associer à cet esprit hérité de ce virage acoustique, avec toute cette ambiance cabaret... au final, on parle nous de "cabaret voltage", ça colle bien à l'esprit de cet album.

Sortir : Et plus concrètement, en terme de contenu ?
Pierrot :
On y trouve du swing, du punk, du reggae, du ska... et on retrouve des humeurs à travers les textes. Notre mécanisme à nous, c'est toujours les textes après la musique, découlant souvent de situations qui s'imposent, sur fond de crise sociale : derrière, il faut trouver un angle, une façon d'inventer le truc et lui donner vie à travers des personnages. C'est ça notre truc : faire du rock alternatif, festif, où le texte trouve sa place.

Sortir : Ce concert, c'est un peu le début du gros rush de l'été... Ça fait plaisir, cette verdure, non ?
Pierrot :
Alors là, ma réponse va être ultra-rapide. J'ai vécu près de 10 ans à Gujan-Mestras, alors je te laisse imaginer ce que ça me fait de revenir dans les parages...