En sortant de ces deux bonnes heures de spectacle sans entracte, on se prend à regretter l’absence de « Zeus, protecteur des étrangers », l’absence tout simplement d’un espoir pour les demandeurs d’asile qui aujourd’hui ne peuvent en appeler aux Dieux qui n’habitent plus les hommes. Soumis à la bonne volonté des états, les émigrants du XXIe siècle contraient à l’exil sont condamnés à errer de centres de rétentions en centres de rétentions victime d’une absurde chasse à l’homme. Tragique est leur destin depuis la nuit des temps quand Io, princesse d’Argos, fondait en Lybie la première dynastie Africaine. Par quelle ironie de l’histoire, la Grèce qui accueillie à Argos aux temps lointains de la mythologie, le retour des descendantes d’Io à la peau noire est–elle devenue le cauchemar des migrants ? Retour à Argos propose deux pièces en une, celle d’Eschyle Les Exilés, dans une nouvelle traduction d’Irène Bonnaud et Io 467 de Violaine Schwartz. Le pari était osé et si la pertinence du propos ne fait aucun doute, la pièce peine pour l’instant à trouver sa vitesse de croisière. Ce qui n’empêche pourtant pas le spectateur de suspendre sa respiration, le cœur au bord des lèvres quand les filles de Danaos chantent en trio leurs douleurs, portant l’émotion à son comble.