Un des plus jolis, oui jolis, albums de l'année se nomme In Triangle Time. Son auteur, un quadra en transit à San Francisco pour poser guitares, amplis et autres effets technologiques. Oeuvrant dans la confidentialité depuis déjà un paquet de disques, notre discret s'est attiré les bonnes grâces de John Dwyer (Thee Oh Sees) via son label Castle Face. In Triangle Time expose un auteur peut- être au sommet de son art. Finies les miniatures lo-fi. Sans pour autant tomber dans la pièce montée pop pompière, Kelley Stoltz trouve le ton et les sons justes pour filer un coup de jeune au psychédélisme. Chez lui la chose ne sombre pas dans le revival nauséeux. Si on entend l'écho de Brian Wilson, Syd Barrett, Nick Drake c'est davantage celui de leurs pas pour venir écouter le prodige qu'une manif pour plagiat. Finalement, d'une relative modernité Stolz convoque aussi Joy Division ou Bowie. C'est donc avec délicatesse et une nonchalance feinte, qu'In Triangle Time infuse chaque jour dans notre mémoire musicale. Et pour longtemps.