Qu’est-ce qui a vraiment existé quand la vie avance jusqu’au bord du vide ? Un homme et une femme se souviennent… ils sont à la fin, en bonne santé mais à la fin. Le temps n’a pas d’avenir, peu de présent et beaucoup de passé, un passé trop lourd pour que le présent soit vivable. Entre le salon, la cuisine, le banc, la chambre, le jardin et le cimetière, les mots que Jeanne échange avec Jean sont doux et violents à la fois. Ils parlent de bonheur passé et de vieilles blessures, de leurs parents et de petites choses de la vie quotidienne. Ces deux là s’aiment depuis si longtemps qu’ils ont l’air sédimentés par l’habitude. Ils racontent avec simplicité le temps de la mémoire et des secrets qui pointent leurs nez entre drame et banalité nous rappelant que nous sommes tous des Jeanne et Jean en puissance programmés pour un effritement tragique.

Dans cette pièce, pas de vrai dialogue mais une juxtaposition de monologues qui se croisent parfois, expression de l’enfermement de chacun dans une solitude finale. Bernard Allombert, auteur de théâtre qui a, entre autre, dirigé pendant 17 ans le Grand Bleu à Lille, nous murmure ici une petite musique désespérée où brille une faible lueur. On attend avec impatience de voir Jeanne et Jean sur une scène de théâtre, là où le rythme de ce beau texte prendra tout son sens.