Sortir : Vous voir débarquer avec un one-man-show, ça sonne comme une demi-surprise...
Patrice Laffont :
D'abord, même si j'ai passé de longues années à la télévision, je suis comédien de formation et de métier... d'ailleurs, depuis quelques temps, on me voit davantage sur les planches de théâtre que derrière le petit écran. Deuxièmement, je me suis lancé dans le projet avant tout pour déconner : j'explique souvent ça sur le ton de la rigolade, en disant qu'à l'approche des élections présidentielles, "je préfère provoquer une crise de rire qu'une crise tout court !" Et puis concrètement, j'ai un ami producteur qui m'a proposé le projet, m'a assuré son aide niveau écriture, en me demandant de me concentrer juste sur ce que je pouvais apporter sur scène... Derrière, le sujet du spectacle est venu tout seul, au quotidien auprès de ma fille de 16 ans.

Sortir : C'est aussi que vous aviez fait le tour niveau télé.
P. Laffont :
Je n'ai plus aucun projet à la télévision, ni actuellement, ni à venir : je continue uniquement à produire Des chiffres et des lettres et ça me va très bien. Au contraire, j'ai envie de me consacrer entièrement à la scène, que je considère comme mon véritable métier, à travers ce one-man-show et pourquoi pas derrière dans des pièces de théâtre. Et puis tant que je m'éclate...

Sortir : Et alors comment ça s'est passé Avignon ?
P. Laffont :
Bien ! On a fait complet pendant 3 semaines, on a même dû refuser du monde... Bon, Avignon, c'est spécial et c'était une petite salle de 60 personnes, mais il faut la remplir. Et dans l'ensemble, ça a plu aux spectateurs, ça m'a permis de me rôder et de faire évoluer le spectacle dans le bon sens, une sorte de laboratoire quoi : au final, une heure et quart de rythme, de rigolade et d'émotion ! Maintenant, j'attends Bordeaux avec impatience, avant les trois mois parisiens : Paris, ça passe ou ça casse, c'est un vrai coup de poker... Après, on verra.

Sortir : Et donc dans ce spectacle, vous vous en prenez aux jeunes.
P. Laffont :
C'est le principe : je m'en prends à tout ce qui touche aux jeunes d'aujourd'hui, et notamment je les égratigne via toutes les nouvelles technologies, portable, internet, facebook (...), tout ce qui nous énerve en tant que "vieux" au quotidien ! Ça passe également par les aventures amoureuses, l'alcool ou encore les relations avec les parents. Et puis j'en viens à me foutre de ma propre gueule, particulièrement à travers ma vie sexuelle.

Sortir : J'imagine que les spectateurs s'y reconnaissent...
P. Laffont :
Dans la salle, j'ai vu beaucoup de parents bourrer les côtes de leurs enfants en se marrant... ça veut dire que ça accroche pas trop mal. Ce qu'on voit dans le spectacle, c'est pas caricatural, mais plein de petits trucs qui vous parlent forcément. Et puis les parents y prennent également plein leur gueule, donc tout le monde y trouve son compte : les jeunes c'est sûr, mais les vieux finalement, c'est pas tellement mieux.

Sortir : Au regard de votre parcours, on peut dire que la boucle est bouclée.
P. Laffont :
Je suis pas sûr de boucler la boucle... il y a aussi mon bouquin, et peut-être que je repartirai sur autre chose au printemps prochain. Ce qui est sûr, c'est que ça m'excite d'y aller, donc j'y vais ! Et puis je n'ai pas à prouver quoi que ce soit, je ne joue pas ma vie, j'y vais juste hyper-décontracté. Et surtout tant qu'on est en bonne santé... Le jour où je me retrouverais sur mon canap' à jouer au sudoku, là oui, ce sera fini.