Girl
C'est un sujet délicat et propice autant aux raccourcis qu'aux maladresses dont s'est emparé le tout jeune Lukas Dhont qui signe là son premier film. Malgré ces écueils, Girl est un petit joyau. Sans jamais quitter les pas de son héroïne (incarnée superbement par le jeune danseur Victor Polster qui fait là ses premiers pas devant une caméra), ce parcours intime évite voyeurisme et complaisance autant que revendication et activisme. « Je ne veux pas être un symbole, je veux être une fille » dit Lara à son père, incarné avec justesse par un Arieh Worthalter plein d'humanité et d'écoute. Au plus près d'un corps sans jamais se faire voyeur, Lukas Dhont rend sensible l'enfermement de Lara et sa détresse que des scènes de danse d'une rare justesse transcendent encore davantage. Jamais complaisant ou exagérément dramatique, le jeune cinéaste pose sa caméra à distance juste de son personnage, déployant le portrait délicat et profond d'un personnage peu loquace mais que le film cerne très bien. Malgré les épreuves, l'impatience, les difficultés quotidiennes et l'âpreté de la situation (qu'il ne masque jamais), Girl dégage une vraie douceur, largement dûe à une photographie soignée et à la présence discrète du soleil, dessinant l'accomplissement attendu par Lara.
Publié le 10/10/2018
Premier film admirablement soigné d'un jeune réalisateur, Girl constitue un portrait fin, touchant et moderne comme on en voit trop peu, qui navigue avec aisance entre les écueils d'un sujet délicat. Un cinéaste à surveiller.
Film belge de Lukas Dhont
Avec Victor Polster, Arie Worthalter, Olivier Bodart.
Durée : 1h45.