Fatal

Fatal Bazooka est une star du genre maousse. Propulsé en tête des ventes après une série de hits, le rappeur hardcore est au faîte de sa gloire. Son dernier projet en date : Fataland, parc d'attractions tout entier dédié à sa personne. Côté musique, en revanche, c'est la panne sèche : noyé dans l'apparat bling-bling, il ne parvient plus à rien produire d'intéressant. Aussi, quand Chris Prolls, rival faussement bio et un brin sulfureux, fait son apparition, le petit monde jusque-là bien ordonné de Fatal s'effondre complètement...

Fatal, c'est l'un des nombreux avatars du trublion Michaël Youn, comique troupier qui n'hésite jamais à payer de sa personne pour provoquer le rire, fût-il gras. Il s'empare ici d'un de ses personnages emblématiques pour lui inventer un destin et une profondeur. Sauf que rapidement, toutes les cartes sont sur la table et que le spectateur s'ennuie un peu à passer d'un gag scato à un jeu de mots un peu douteux. De ce côté, à moins d'être acquis à la cause Youn, vous risquez de ne pas passer un si bon moment que cela entre blagues scato et situations vite lourdingues. Pourtant, le cinéaste Michaël Youn appuie franchement la caricature, nourrie sans doute de beaucoup de vécu, et, s'il donne naissance à des personnages tous largement inscrits dans le grotesque, chacun n'en demeure pas moins très proche de modèles biens réels et à peine moins ridicules, c'est la seule force d'un film par ailleurs plutôt déséquilibré. Et si Youn marche ici sur un sentier qu'il connaît, cette première réalisation aurait gagné à arpenter des chemins moins balisés pour lui, d'autant que si l'acteur peut agacer, le réalisateur fait preuve d'une véritable curiosité pour le cinéma. Premier essai timide et sans surprise donc... en attendant une autre tentative ?