Près de 95 000 visiteurs fin octobre : les acteurs du musée de Flandre flambant neuf n'en attendaient pas tant, l'objectif était plutôt de l'ordre de 50 000 entrées, doublé en un an, bravo ! On le comprend, tant le musée présente un visage admirablement rénové, et des collections fascinantes. Enfant, malvoyant, malentendant : personne n'est oublié, avec des visites et outils adaptés à chacun. Ainsi, l'exposition temporaire propose une maquette tactile de l'une des sculptures exposées, qui ravit les mains de tous les visiteurs.
Les commissaires de l'exposition ont déniché des trésors, pour présenter une exceptionnelle sélection de sculptures baroques flamandes dans les collections publiques françaises. 67 œuvres, toutes plus impressionnantes les unes que les autres, venues du musée du Louvre, pour 15 d'entre elles, comme du musée de Bergues, ou encore Nice ou Bordeaux... On commence avec les dessins et oeuvres préparatoires, en terre cuite, travail très peu connu du grand public, mais non moins passionnant. Souvent, le musée a eu la bonne idée de photographier la réalisation définitive, parfois moins jolie que son modèle : comme cette pièce maîtresse, au centre de la pièce, de Laurent Delvaux, où l'on devine le rayon lumineux descendre sur Saint Paul ! Ou le combat lion contre serpent de Walter Pompe, à observer sous toutes les coutures. Des pièces merveilleuses, classées par thématiques dans les vitrines, qui se répondent. « La sculpture baroque flamande s'est endormie dans les églises. Pousser la porte d'une église en Belgique, c'est tomber à la renverse, dans un décor baroque merveilleux ! », conseille Alain Jacobs, commissaire qui travaille sur le sujet depuis une vingtaine d'année, avec « l'impression de prêcher dans le désert. » Cette première exposition consacrée au sujet hors de Belgique est « historique ! Le tremplin qu'il fallait. La France possède un grand nombre de sculptures flamandes, le Louvre a désormais une politique d'acquisition dans ce domaine sous-représenté. »

La deuxième partie de l'exposition tout aussi surprenante, le musée a réussi dans un tout petit espace à présenter des sculptures nombreuses et variées, une exposition très dense, on a l'impression que les murs se poussent pour faire de la place à ces pièces qui, toutes, impressionnent. Pietà polychrome de l'église de Dunkerque, incroyable bas relief d'Elizabeth de Hongrie, Ste Anne et la Vierge de l'église de Marcq-en-Baroeul : 250 kg de marbre à aller chercher en hauteur ! Nous accueille dans la salle un ange en albâtre, qui virevolte. Dernière section : des bustes, des pièces plus petites, une galerie de portraits en fond de salle, comme ce Voltaire du musée du Louvre, traité à l'antique, ou le premier buste bourgeois féminin. Des enfants combattent, des figures plus proches de la réalité, des enfants qui ne sont plus idéalisés.

On s'extasie aussi devant les minutieuses pièces en ivoire, comme cette Vierge de calvaire, « exceptionnelle, inédite, remarquable », le commissaire de l'exposition manque de qualificatifs, « une découverte, une de plus, de l'exposition ». Les visiteurs passent des heures à observer chaque détail ! « Je voudrai que les jeunes prennent le relais, que les sculptures flamandes soient mieux appréciées, dans les musées et les universités. Et n'hésitez pas à pousser la porte des églises flamandes pour en admirer le décor ! »