Eternal sunshine of the spotless mind

Installée à la tête du Centre Chroégraphique National depuis déjà sept ans (« je ne suis jamais restée aussi longtenps dans une autre structure » explique-t-elle), la chorégraphe d'origine américaine souhaitait interroger les moments, les rencontes qui font sens dans la vie. En partant d'un travail d'improvisation avec les neuf danseurs invités sur ce spectacle, la chorégraphe a conservé seize séquences entre mémoire et rêverie, propositions issues parfois des souvenirs mêmes des interprètes. Pas de dirigisme, la chorégraphe conçoit le spectacle en collaboration avec les artistes. « Depuis mon arrivée au CCN, beaucoup de danseurs ont créé leur compagnie. J'en suis ravie et fière, cela prouve à quel point leur créativité est grande et tout cela nourrit leur travail commun. À mon départ, le ballet continuera de vivre. » ajoute la chorégraphe.

Sur scène donc, quelques accessoires nécessaires à la recréation de ces moments singuliers, essentiels et marquant les mémoires. Tour à tour les neuf danseurs, donnent corps à des moments portés par un choix musical très hétéroclite (de Bruce Springsteen à Tom Waits en passant par Gavin Bryars, Henri Purcell ou Ry Cooder), sur les planches le temps se fait malléable, très étiré ou frénétique son écoulement est retranscrit à merveille par les gestes des neuf interprètes qui, dans un décor relativement dépouillé arrivent à créer mille mondes. Seule, la projection de répétitions diffusée au ralenti accompagne chacune des séquences, accentuant encore le glissement vers un moment temporel singulier et laissant à chacun sa liberté d'interprétation de la scène qui lui est proposée. Pourtant, Synchronicity fonctionne à plein, en retranscrivant une série « d'états personnels », le spectacle parvient à joliment les faire partager, grâce à l'énergie collective qu'il dégage.