khadra.jpgYasmina Khadra, on ne le présente plus : écrivain algérien francophone, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, pseudonyme choisi pour raison de clandestinité et en hommage aux femmes de son pays, à son épouse aussi, dont ce sont les deux prénoms, dont les romans, souvent illustration des difficultés de dialogue entre Orient et Occident, de la situation compliquée au Moyen-Orient, sont aujourd'hui publiés dans 38 pays. Khadra se penche cette fois sur l'Algérie colonisée en quête d'indépendance, avec Ce que le jour doit à la nuit (Pocket, 7,30 €), à travers le parcours de Younes. Années 30, à 9 ans, le petit garçon vit chichement avec ses parents et sa soeur dans la campagne algérienne. Un jour, le drame, la ruine, suite à l'incendie des terres familiales hypothéquées, c'est l'exode à Oran, vie misérable, humiliés, dans ce que l'on appelle aujourd'hui un bidonville. Younes devient alors Jonas, recueilli par son oncle pharmacien, et son épouse, française. Ils partent vivre dans un village où Jonas devient ami avec quatre pieds-noirs : cette amitié va-t-elle, comme tant de choses dans la vie de notre narrateur, être bouleversée, face à la Seconde Guerre mondiale, la révolte algérienne, les intrigues de l'amour ? Ecriture splendide, recherchée, savoureuse, sans être alambiquée, émotions pures, questions qui nous renvoient à nous-mêmes aussi, un beau cadeau, belle leçon de tolérance et de vie que ce roman.