Par une lourde et chaude soirée d’été dans le delta du Mississippi, les Pollitt se réunissent à l’occasion du 65e anniversaire de Big Daddy, patriarche autoritaire et puissant propriétaire de la plus vaste plantation de coton du coin. Ses deux fils, Gooper et Brick, le préféré, accompagnés de leurs femmes respectives, Maé et Maggie, sont venus partager le gâteau d’anniversaire… mais surtout s’assurer de récupérer leur part du gâteau patrimonial que constitue la plantation. Car Big Daddy va mourir… C’est une histoire vieille comme le monde qui se joue dans la cuisine moite de la maison Pollitt. Celle de la famille, des sentiments contradictoires qui la tissent, des tensions qui la traversent, des haines, des ressentiments cachés sous le fantôme des années écoulées, prêtes à ressurgir. C’est aussi l’histoire, contée à travers ce microcosme humain, d’un système social dans son entier. On y retrouve, exacerbées comme jamais, les obsessions du dramaturge : une société qui broie les hommes en broyant les idéaux fantoches qu’elle leur fait miroiter. Des êtres à la dérive, incapables d’amour à force de solitude, incapable d’espoir à force de désillusions. La pièce, créée en 1955 à Broadway dans la mise en scène originale d’Elia Kazan, va fêter ses soixante ans. Et pourtant, si aujourd’hui la maitresse de maison ne porte plus de perles ni de permanente peroxydée, si le patriarche ne préside plus la tablée, on ressent toujours aussi puissamment l’ancrage socio-politique de la pièce. Précurseur à l’époque, Tennessee Williams y critique les dérives d’un capitalisme américain qui conduit à un individualisme synonyme d’isolement.