Centrino duo

Chacun a déjà fait l’expérience dans sa vie de ces moments où l’on est seul, dans la rue ou chez soi, et où on a l’impression d’entendre un dialogue dans sa tête. Une voix vous
dit d’aller à gauche, l’autre vous dit d’aller à droite. Parfois même une de ces voix vous conseille de tuer une personne et l’autre vous conseille de l’épargner » dixit Serge Valetti, qui a choisi ce formidable ressort dramaturgique pour écrire Cahin-Caha. Un monologue à deux voix, pour deux acteurs donc, qui jouent chacun la même personne, sauf qu'elle est ici.

L'une s'appelle Cahin et l'autre Caha. Qu'on se rassure, il ne s'agit pas pour Valetti de mettre en scène un malheureux schizophrène en proie à un effroyable dédoublement de personnalité. Ou plutôt si, sauf que le grand malade, c'est nous ! Quand nous sommes seuls, nous sommes plusieurs... Rien de grave donc, tant il est vrai qu'on a tous en nous quelque chose de Valetti. Ce dernier le confirme : « dans Cahin-Caha, les deux acteurs incarnent deux figures qui, tournant sur elles-mêmes comme des derviches mentaux incarnent nos tourments intérieurs, dansant au bord d’un précipice tour à tour comique et tragique. » Bref, voilà une pièce qui nous dresse un miroir, dont les reflets sont toutefois mouvants. C'est que le cerveau n'est pas toujours facile à suivre, y compris par son propriétaire. Si en plus, il lâche les chevaux de l'imaginaire...

* Monsieur Armand dit Garrincha, Just Hamlet, Carton plein