Alchimies

Comme souvent avec Carolyn Carlson, tout part d'une observation. Invitée à proposer une rencontre inspirée par les sculptures d'Anselm Kiefer au Grand Palais en 2007, l'idée d'une confrontation entre les oeuvres d'un musée et le mouvement qui nourrit la danse germe peu à peu jusqu'à la concrétisation que représente ce Mundus Imaginalis. Rencontre d'univers, d'influences et d'inspirations autant que confrontation entre l'immobilité des images figées du musée et l'instantanéité et la fugacité du mouvement dansé, l'ensemble se conçoit comme un dialogue en plusieurs tableaux entre la danse, la musique et les oeuvres des musées dans lesquels elle sera présenté. Car, et la chorégraphe insiste là-dessus « le spectacle sera revisité en fonction des lieux qui vont l'accueillir. Chaque fois il est question d'une rencontre et d'une imprégnation qui viendront modifier la proposition chorégraphique ». Ce n'est donc pas tant un spectacle qu'une proposition que fait là le Centre Chorégraphique National.

Dans l'enceinte de la Piscine à Roubaix, c'est une étonnante alchimie qui naît entre le mouvement des danseurs, leur reflet dans le bassin, la musique de Peter Gabriel et l'éclairage du lieu. Un temps hors du temps qui crée et trouve des prolongations entre le mouvement des danseurs (dont des invités et Carolyn Carlson elle-même) et les oeuvres présentes dans le lieu de la représentation. Douze tableaux composent ce parcours inventif qui invite à une rencontre des sens puisque c'est en partant de tableaux célèbres que Carolyn Carlson a conçu ses chorégraphies, influences dont on peut percevoir les traces dans le s costumes des danseurs... Une audacieuse rencontre source d'échanges étonnants qui tournera dans bien des musées de la région et (on l'espère) au-delà.