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Hoshi

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Hoshi (2019)
A 21 ans tout ronds, Hoshi a tout du diamant brut. De l’étoile tombée du ciel... Dans ses chansons, armée d’une simple guitare acoustique, elle balance tout, sans s’économiser. Et puis il y a cette voix. Une sublime voix rauque et éraillée qui lui donnerait facilement dix ans de plus.

« A quatorze ans, devant une étoile filante, j’ai fait le vœu de me réaliser dans la musique. » Mathilde a donc pris le nom d’Hoshi, ce qui signifie « étoile » en japonais. Avec ses grands yeux pétillants bordés de khôl, ses tatouages et son bonnet grunge, cette fan de culture nippone ressemble d’ailleurs à une héroïne de mangas qui aurait grandi en écoutant Nirvana.

Mais à six ans, c’est d’abord les chansons de Brel qu’elle découvre, fascinée, dans le salon de ses grand-parents, qui vivent un étage au-dessous de l’appartement familial de Saint-Quentin-en-Yvelines. « Mathilde » ou « Ne me quitte pas » lui inoculent le virus musical et lui donnent envie de prendre des cours de piano. Pendant huit ans, elle joue à l’oreille, sans que sa professeure s’en aperçoive, malgré – ou à cause – d’otites céreuses à répétition qui l’ont privée de 40% de son audition.

Car, comme dans un shojo, ces mangas mettant en scène des jeunes filles, l’adolescente introvertie et mal dans sa peau adore se lancer des défis. Elle est timide au point d’avoir peur de monter sur un banc pour la traditionnelle photo de classe ? A quatorze ans, alors qu’elle s’est mise depuis deux jours seulement à la guitare et ne connaît que quatre accords, elle interprète sur scène « Zombie », le morceau des Cranberries, devant toute l’école. Stupéfaction des autres élèves et révélation pour Hoshi. C’est à nu, face au public, voix vibrante provoquant des ondes de choc et sensibilité d’écorchée vive, que cette fille qui se disait « paumée » se sent libre et légitime. Et qu’elle peut enfin, tel un astre, briller.

Sa bonne étoile à elle ne l’abandonne pas pour autant. A seize ans, elle rencontre un guitariste, monte un groupe de rock avec lui, fait quelques scènes locales. Inspirée par Noir Désir, Gainsbourg, Patti Smith, elle écrit ses premières chansons. Et poste des reprises sur Internet, dont l’une est bientôt remarquée par le directeur de casting de « The Voice ». Ayant passé sans difficultés toutes les épreuves, elle est acceptée pour l’étape finale. Mais lorsque la production lui demande de chanter « Le petit bal perdu » de Bourvil, cette forte tête refuse. Pas sa couleur musicale. Reprise dans la presse, cette hardiesse de débutante attire l’attention, cette fois, de l’équipe de « Rising Star ». Hoshi fera l’admiration des jurés et du public, debouts pour l’applaudir, mais ratera de peu la qualification. Elle poursuit sa route, pas découragée pour si peu, et enchaîne les concerts dans des petites salles avec son complice, le batteur/percussioniste Max Rebo, avant d’être contactée par sa future manageuse et signée chez Jo and Co.
Jusqu’à ce premier album, juste et vrai, dans lequel on entre comme on pénètrerait dans la chambre d’une adolescente. Comme dans nos souvenirs de jeunesse, tout est intact. Le volume des « Fleurs du mal » sur la table de chevet. Les posters d’Izïa, des Stones ou de Janis Joplin aux murs. Et dans les titres, tantôt chanson française rock dépouillée, tantôt pop lumineuse, toute la grâce fragile d’une jeune artiste à fleur de peau qui dévoilerait avec pudeur son journal intime. Car Hoshi, en évoquant ses proches (« Poupée russe », dédicacée à sa grand-mère, d’origine slave, « Ma merveille », pour sa mère), son parcours chaotique (« Comment je vais faire », « Il suffit d’y croire ») ou ses amours (« Ta marinière »), a l’art, rare, de nous entraîner dans son univers.

C’est le privilège des étoiles, lointaines et proches à la fois.

Publié le 11/12/2019