Yuki et Nina

Yuki et Nina sont amies, du genre à partager leurs secrets, à revenir de l'école ensemble, à passer leurs vacances l'une avec l'autre. Mais voilà, cette année, ce ne sera pas possible, parce que les parents de Yuki se séparent et que sa mère, japonaise, envisage de l'emmener avec elle au Japon. Effrayées à l'idée de se quitter, les deux amies projettent de fuguer ensemble. Elles décident donc de partir se réfugier dans la forêt...

C'est un double film filmé à quatre mains. Désireux de travailler ensemble, Hippolyte Girardot et Nobuhiro Suwa se sont vite retrouvés sur cette histoire d'enfance et de déracinement qui partage son regard entre deux amies et deux pays. Sans trop chercher à imposer leur vision, l'un comme l'autre ont mêlé leurs approches et leurs regards dans une démarche qui préfère capter l'instant fragile et éphémère plutôt que de chercher à le recréer à grand coup d'artifices. La bonne surprise, c'est que dans le sillage de l'innocence de la jeune interprète de Yuki (Noë Sampy), la sauce prend, embarquant le spectateur dans l'équipée impromptue d'une petite fille pas vraiment sûre de vouloir changer de vie. La direction discrète et les cadrages judicieux offrent alors un point de vue inédit sur cette histoire. Bien plus que beaucoup d'autres, cette histoire là, parce qu'elle est captée directement chez les jeunes interprètes plutôt que forcée, invite à un parcours à hauteur d'enfant que les deux réalisateurs ne trahissent jamais, s'appuyant même plutôt dessus pour construire leur récit. Singulière et inédite, voilà une expérience qui vaut le coup d'être partagée autant pour sa rareté que pour sa qualité.