Le Nord américain, vers 1800. Eclaireur pour un groupe de trappeurs, Glass est grièvement blessé par un ours. Pour ne pas ralentir la colonne, l'homme est laissé en arrière avec son fils et deux hommes chargés de le veiller jusqu'à sa mort. Pressé de fuir la présence des indiens, l'un de ses gardiens tue son fils avant de fuir avec l'autre chasseur, laissant Glass seul. Résolu à se venger de l'homme qui lui a pris son enfant, Glass s'échine à survivre et reprend le chemin du fort, en luttant contre une nature hostile.

Perceptible, la volonté d'Inarritu l'est incontestablement : empli de plans majestueux et chargés de symboles attachés à la renaissance et la rédemption, le film s'appliqueà suivre l'incroyable quête de son personnage, allant jusqu'à se perdre dans d'inutiles démonstrations d'esbroufe cinématographiques comme pour bien faire sentir à son spectateur la maîtrise de son réalisateur. Sauf qu'à force d'être mise au service de démonstrations de force quelque peu gratuites, d' étirer inutilement en longueur un parcours dont on devine la force, Inarritu le jonche d'entresorts pesants. En s'échinant à insuffler une force réaliste et un naturalisme profond, le film s'égare encore dans des effets maladroits (des bisons et un ours numérique ou un maquillage grossier pour figurer les atroces blessures de Glass) qui alourdissent un récit pétri de facilités. Si Di Caprio ne rechigne pas à payer de sa personne, rampant, chutant, suant et soufflant autant qu'il le peut, sa prestation reste mineure à côtés d'épisodes bien plus glorieux de sa filmographie. Face à lui, en baroudeur bourru, cupide et lâche, Tom Hardy compose une figure bien plus humaine et presque plus passionnante par ses aspérités. Grossier et maladroit, The Revenant ne se trouve jamais de souffle, ahanant comme son héros, le film, à trop vouloir montrer ses muscles, ne se trouve jamais d'élan ou de force, oubliant la simplicité au profit d'une machinerie grossière et pesante. Loin de la légèreté d'un Malick, Inarritu cherche dans des visions grossières à donner du corps à la course de son héros, en vain.