Sortir Bordeaux Gironde : Bah alors tu t'es perdu, c'est ta première sur Bordeaux ?
Didier Super :
Ouais, on a un peu trainé dans les boulevards, on savait pas trop en fait... Bordeaux ? On était venu faire deux concerts inutiles, à la Mac de Pessac et au CAT. Ici visiblement les gens ils payent leur place, c'est qu'ils doivent pas connaître... donc voilà, j'ai une heure et demi pour les décevoir maintenant.

Sortir : Et alors, comment ça a commencé c't'histoire ?
Didier :
Au début, j'faisais du théâtre de rue en vélo, un truc dérangeant et grassouillet. Et puis j'ai balancé un clip sur internet, c'est là que ça a commencé à décoller... mais moi j'en ai rien à foutre, j'ai jamais rêvé d'faire c'que je fais, j'ai pas d'ambitions : c'est le meilleur moyen d'faire carrière.

Sortir : Justement comment tu vois Didier Super, l'artiste ?
Didier :
J'suis l'un des rares chanteurs français à faire d'la chanson d'qualité. J'ai l'impression qu'les télés sont squattées par des gens qu'on dit artiste mais qui sont plus motivés par l'envie de réussir que l'envie de créer. Derrière, le public s'emmerde... Moi mon boulot, c'est d'être sur scène : on m'donne deux francs par disque vendu, j'perds pas trop d'argent dans l'histoire. On m'télécharge, les salles sont pleines...

Sortir : Et ces chansons, ces paroles improbables, mais pourquoi ?
Didier :
J'sais pas, j'fais c'qui m'passe par la tête... c'est l'cosmos qui m'parle. C'est là toute la différence entre artistes et industrie. J'ai un copain, il dit que c'est les extra-terrestres qui me soufflent ces idées...

Sortir : C'qui peut entraîner des "mauvaises réactions"...
Didier : 
Bah ça arrive, une fois par exemple, une bande de punks, ils ont mal pris la chanson sur les petits anarchistes, bon... Après ces gens-là dont j'parle, c'est aussi une façon de montrer qu'ils existent : on regarde toujours nos pompes quand on les croise. Parfois, ça donne des salles qui s'vident, et pi moi j'leur dis : "à vot' service !"

Sortir : Et ton image de marque Didier ?
Didier :
En général, le public post-adolescent est persuadé que j'existe en tant que Didier, du coup y'a un malentendu, même si c'est comme ça à peu d'choses près dans la vie... Avec une chanson comme Y'en a des biens, certains pourraient s'dire que j'suis un peu raciste. Bon là on est au théâtre, les gens sont assis, ils ferment leur gueule.

Sortir : Justement, pourquoi tu fais du théâtre, en plus des concerts ?
Didier
: Parce que j'ai assez d'talent pour faire les deux ! Et puis quand j'suis seul sur scène, j'suis pas emmerdé par des musiciens qui ont moins d'talent.

Sortir : J'me souviens d'un concert mythique, t'étais arrivé sur Allumez le feu de Johnny...
Didier
: C'est l'genre de chanson qu'tu connais alors que t'as pas envie d'connaître, forcément ça fait réagir. Les reprises de Johnny, c'est pas loin d'être mes préférées : Johnny, c'est un alcoolique dont on n'est même pas sûr que c'est lui qui chante... il a rien à dire, il a jamais écrit une seule parole.

Sortir : Bon, on a fait l'tour j'crois...
Didier
: Bah ouais, t'as d'la matière là hein ? J'vais aller voir les autres (journalistes) après, j'vais leur dire tout l'contraire de c'que j'viens d'te dire. Sinon t'es du Nord toi-aussi, t'es d'où ?...