Panorama 24 : l'autre côté

L'exercice de tisser un fil commun entre les œuvres créées par les étudiants, nécessairement pétries de médias différents et traversées de préoccupations et d'intentions hétérogènes, demeure délicat. Mais le parcours proposé décline avec finesse l'axe commun d'un autre côté, d'un décalage du regard, de la perception, d'un voyage curieux entre un lieu jadis festif devenue espace de création et d'exposition et la matière dont s'emparent les étudiants pour emporter du désert tunisien à l'espace, d'un incendie à un voyage vers l'au-delà, des miroirs aux alouettes contemporains, de la place de l'homme dans un monde complexe et meurtri par sa présence et des beautés possibles malgré les révolutions, les rebellions et les blessures. Dans une cathédrale de verre, Edith Dekyndt (Organ) invite à entendre les chants nuptiaux d'une colonie de mites, Rolando Cruz Marquez illustre la dynamique des fluides et ses effets (Am I to viscous ?), Justine Emard trouve dans la technologie contemporaine la source d'images préhistoriques (Hyperphantasia), Ethel Lilienfeld interroge nos images et la dualité des filtres/philtres (Invisible filter), Magalie Mobetie explore le glissement vers un au-delà digital (Mourning cloud), Guillaume Thomas collisionne corps célestes et stars de chair (Ad Astra) quand Younès Ben Slimane regarde une Tunisie fragile mais forte (Les Gardiens du feu) et il ne faut pas manquer non plus les films de Yuni Zhu, Ana Edwards, Charline Dally ou Norman Nedellec entre autres... Un voyage passionnant dans une scénographie qui habille et habite avec force la nef du Fresnoy. Passez de l'autre côté, et n'oubliez pas de laisser vos traces dans le Je(u) de Jisoo Yoo.