Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait

Flanqué d'un casting solide, Emmanuel Mouret s'adonne à une tentative contemporaine de tracer une carte du tendre des relations amoureuses, entre désirs et aspirations. Puisant dans une langue soignée échappant, sous ses airs parfois surannés, autant aux modes qu'aux facilités, Mouret joue d'une fausse épure formelle pour faire de chaque plan un écrin aussi pertinent que possible aux mots qu'il fait prononcer à ses acteurs. Peut-être plus que dans ses autres films, le rythme nonchalant de son récit aux multiples couches finit par se faire sentir au bout des deux heures de cette exploration fine des contradictions intimes et sociales, des arrangements entre désir et engagement, entre actes et mots. Construit comme un emboîtement d'histoires, ce récit gigogne maîtrisé questionne les enjeux intimes et contradictoires propres à l'humanité dans le sillage de personnages multiples dont les interrogations balaient aussi largement que possible le spectre des relations amoureuses. Pas de vainqueurs ni de perdants sous l'oeil d'Emmanuel Mouret, tout le monde se débat comme il le peut avec ces tourments. Un regard précis pour un récit intime et choral parfois longuet mais qui fait mouche. Discrète, la réalisation de Mouret s'échine avant tout à faire en soirte que les mots résonnent au mieux avec les actions et les décors. Un savoir-faire précieux que le cinéaste affine et affirme de film en film.