Le poulain

Mathieu Sapin connaît son sujet : Campagne présidentielle puis Le château, ses bandes dessinées, décrivaient déjà l'univers politique et ses coulisses. En s'affranchissant plus largement de l'approche documentaire, son long métrage fait office de plongée dans les tréfonds d'un monde encore moins reluisant qu'on ne l'imagine. Jamais pourtant la dépiction de cet univers de mésalliances et de trahisons ne prend le pas sur les personnages de son récit. Le candide Arnaud, à force de brimades et de déceptions se forge des armes acérées quand Agnès et son absence de scrupules dessine un portrait en creux peu brillant du pouvoir et de ceux qui le briguent. Parfait en Rastignac (il a lu « tout Balzac ») des campagnes politiques, Oldfield joue un efficace jeu de ping-pong moral et amoureux avec une Alexandra Lamy moins transparente que d'ordinaire. Mathieu Sapin s'y entend pour brosser des personnages que ses acteurs habitent avec aisance et use efficacement de la caméra et du montage dans des contrepoints efficaces et un portrait au plus près des pouvoirs derrière le trône.