Sortir : Les petites gens contre la grosse machine industrielle, ça ressemble à un pied de nez au capitalisme...
Roschdy Zem :
L'idée du film, c'est d'abord de mettre quatre personnages totalement ordinaires dans une situation hautement improbable. Il y a beaucoup de choses relevant du fantasme tout au long de l'aventure, mais finalement, on s'aperçoit que c'est dans les astuces les plus rudimentaires que l'enquête progresse (ndlr : le coup de la patate, la femme de ménage usant de ses charmes...). D'un autre côté, certaines de ces méthodes, au premier abord simplistes, on les retrouve dans l'espionnage industriel... Au final, l'histoire paraît énorme, mais quelque part dans ces cas-là, on se dit toujours que ça ne peut arriver dans la réalité, et finalement lorsque l'énormité apparaît dans les médias, comme avec cette crise financière ou récemment l'affaire Kerviel, on prend conscience que c'est possible.

Sortir : Le film pose certaines questions économiques fondamentales...
R. Zem :
Le projet de Pierre Jolivet consistait à utiliser la comédie pour exposer un fond plus sérieux... un peu à la manière de The Full Monty, qui évoquait la crise anglaise sous un oeil populaire, à travers le parcours de personnes ordinaires. Le fond du film, c'est la crise du chômage et le combat de gens pour retrouver leur dignité... un vrai mal français dans un pays où 5 millions de gens vivent sous le seuil de pauvreté. On découvre également un microcosme de gens ordinaires avec les valeurs d'entraide, de solidarité que cela implique, les difficultés que cela impose.

Sortir : On peut parler de film engagé, de gauche ?
R. Zem :
Difficile d'aller jusque là, en plus ça veut dire quoi aujourd'hui « de gauche » ? On peut parler d'engagement pour ce film sur le thème de l'écologie universelle. Le film met l'accent sur un problème propre aux multinationales : d'un côté, le système ne peut se passer du bénéfice économique, notamment en terme d'emplois, et de l'autre, ces grosses entreprises ne veulent pas faire de dépenses pour traiter ses déchets. Ce qu'on demande aux multinationales à travers le film, c'est de travailler propre, même si ça coûte cher.

Sortir : Petites anecdotes sympas : le « casse-toi pauvre con »,  la présence de Vikash Dhorasoo ?
R. Zem :
En fait, on a tourné la scène deux ou trois jours après le fameux épisode du Salon de l'Agriculture alors... Quant à Dhorasoo, je le connais personnellement. Lorsque Pierre a écrit le scénario, il a pensé à lui pour le personnage de l'avocat indien... Lorsqu'il lui a proposé, ça l'a fait marré, du coup, il s'est lancé.

Sortir : Comment ça se fait que dans tes films, c'est toujours toi qui sort avec la jolie fille ?
R. Zem :
Ah ça, c'est juste pour se rattraper de l'époque du secondaire...