1940, après des mois d'attente, l'Allemagne attaque la France dont l'armée s'effondre rapidement. Paul, maire d'une petite commune rurale non loin d'Arras réunit ses administrés pour leur transmettre les consignes : il faut partir. Avec quelques véhicules improvisés, des bêtes de somme et ce qu'ils peuvent transporter, les villageois partent sur les routes. Au milieu du chaos, Hans, un réfugié allemand ayant fuit le nazisme cherche à retrouver son fils, parti avec l'institutrice...

Pour réaliser son film, Christian Carion a d'abord puisé dans un matériau familial en s'appuyant sur les souvenirs de sa mère pour donner corps à cette chronique de l'exode qui jeta des milliers de Français sur les routes. Généreux, son propos n'occulte pas pour autant les difficultés et les tourments des exilés qui doivent trouver abris et nourritures. Mais aux côtés du récit poignant et nourri d'un réalisme soigné (les messages sur les murs des villages pour témoigner d'un passage ou d'un décès), Christian Carion ajoute de multiples couches maladroites et peu pertinentes. De l'isolement d'un soldat anglais à la quête d'une réfugié allemand, son récit, à trop vouloir cumuler les anecdotes touchantes, finit par n'être qu'une accumulation de sensibleries dommageables au regard historique. Pour donner vie à tout cela, le casting fait la part belle à des acteurs moins connus mais peine à faire exister des personnages souvent réduits à de simples caricatures. Seule vrai bonus à cette reconstitution trop mélodramatique, une composition d'Ennio Morricone, légende la musique de films (notamment via ses collaborations avec Sergio Leone), apporte un peu de souffle à un film qui en manque cruellement.