Isabelle, 17 ans, lycéenne et aînée d'une famille de la petite bourgeoisie, vit à l'abri du besoin. Pourtant, depuis la rentrée, elle ment à sa famille pour rejoindre des hommes dans des grands hôtels et accumuler soigneusement des liasses de billets qu'elle planque dans l'armoire de sa chambre d'ado...

 

Sur le papier, François Ozon promettait de s'attaquer à un sujet sulfureux : la prostitution dans un milieu bourgeois, donc pas choisie par nécessité. Les corps se dévoilent à mesure, puis entièrement, et la transgression passe par le trou d'une serrure, une porte entre-ouverte ou une paire de jumelles : Ozon retrouve de vieux automatismes rodés depuis Sitcom. Jeune et jolie s'inscrit dans le prolongement d'une filmographie où le désir est souvent mêlé à l'interdit. Jusqu'ici rien de nouveau, et l'art et la manière viennent même à lasser. Pourtant, dans son dispositif, Ozon ne prend position à aucun moment. Ce qui frappe, c'est le retrait dont le cinéaste fait preuve pour retranscrire le quotidien de cette jeune fille : une légèreté que l'on retrouve chez les personnages. La prostitution, « c'est comme un jeu » lance Isabelle à son psy. Dans le cercle familial, où personne ne semble jamais prendre la mesure de cet acte, ce n’est pas mieux. Mention spéciale à Frédéric Pierrot, parfait dans le rôle du beau-père détaché et dépassé. Mais c'est Marine Vacth, celle par qui tout arrive, qui crève véritablement l'écran. Fascinante en ado frondeuse et rebelle que rien ne paraît atteindre. Si Ozon s'empare de clichés entendus pour construire son film, la distance dans sa narration et l'investissement de sa jeune actrice tirent le projet vers le haut.