Musicien en quête de reconnaissance, Llewyn Davis se produit dans un bar sans rencontrer un franc succès. Raillé par son ex, il vit dans l'ombre de son entourage, des performers comme lui, mais dont il ne supporte pas les interprétations. Par un concours de circonstances, il prend la route de Chicago en espérant bientôt se produire dans un prestigieux club folk.

A défaut d'être complètement biographique (le personnage est inspiré du musicien Dave Van Ronk qui a inspiré Dylan), le dernier film des frères Coen raconte le parcours burlesque d'un looser magnifique, incarné avec profondeur par Oscar Isaac, la vraie révélation du film. Jamais avare en compliments à l'égard de Davis, le personnage de Carrey Mulligan résume bien la chose, quand elle lui lance que « tout ce qu'il touche se change en merde ». Le malheureux commence par perdre le chat de ses voisins dont il avait la garde (le running gag du film) et à renoncer à ses droits sur un enregistrement qui auraient pu lui garantir une place au soleil. Et ce n'est que le début. Les Coen s'embarquent alors dans un voyage métaphorique à l'image de O'Brother, un road trip fait de rencontres improbables, parmi lesquelles celle d'un savoureux John Goodman en musicien héroïnomane et insulteur compulsif. Il faut y ajouter les saillies délirantes dans la continuité de leurs précédentes réalisations et les ballades folk (toutes chantées en intégralité et jamais éditées pour des besoins de montage comme c'est trop souvent le cas). Des lignes de chants qui bercent ce parcours hors du commun qui concentre toutes les attentions. Au détriment des seconds rôles qui gravitent autour (le même John Goodman est littéralement abandonné sur le bord de la route). Rangés au rang de faire-valoir, ils servent le parcours de l'anti-héros ordinaire en œuvrant à cette belle montée en puissance.