Appréhension. Qu'allait nous inventer Lars Von Trier, deux ans après le conte horrifique et polémiste Antichrist ? On évoquait à la fois un film de science-fiction et un film catastrophe. Au final, le dernier objet filmique du réalisateur de Dogville évoque plutôt un drame cosmique teinté d'un romantisme que s'évertue à renier Von Trier lui-même, convaincu de le trouver trop propre. Certainement plus policé que le reste de sa filmographie, Melancholia déroule une symphonie en trois mouvements, qui se joue autour d'un drame annoncé : la planète qui donne son nom au film menace d'entrer en collision avec la Terre d'un instant à l'autre.

Un prologue apocalyptique en slow motion très étudié découvre le portrait de chacune des héroïnes, deux soeurs que tout sépare. Justine (Kirsten Dunst), la cadette, vient d'épouser un jeune et séduisant notable. Un peu par défaut, pour rentrer dans la norme, et l'on va vite sans rendre compte. Plus l'on s'approche de l'inévitable, plus cette beauté neurasthénique semble y trouver une certaine quiétude. Le contraire de sa soeur ainée, (Charlotte Gainsbourg) : épouse et mère plus pondérée, mais qui voit son univers s'écrouler à mesure que se rapproche l'échéance fatidique. A retenir, le découpage des scènes du film et le soin tout particulier qui est apporté à la mise en scène et à la photographie, conférant à l'ensemble un lyrisme certain. Plutôt que de mélancolie, il est surtout question de désillusion puis de résignation, mais trop posée, trop retenue, pour en apprécier le relief... hormis dans les derniers instants d'une intensité désespérée. Le tableau d’un peintre controversé qui reste lisse sous le vernis.